dimanche 15 novembre 2009

Le lustre d'antan !



Le 27 novembre, en salle 4 de l'Hôtel Drouot, se tiendra une vente d'Archéologie et d'Art Islamique, sous le ministère de Maître Boisgirard et sous l'expertise de Mme Annie Kevorkian.

Ainsi donc, cette vente passe en revue l'Archéologie classique : Grèce, Rome, Egytpe, Proche-Orient avec un superbe fragment de sarcophage romain représentant cinq des travaux d'Hercule (IIe s. ap.J.-C.) ou encore un splendide rhyton achéminide en argent (VIe s. av. J.-C.), à protomé de bélier. Elle aborde également des thèmes plus spécifiques comme les objets Hebraïca avec notamment une exceptionnelle Ménorah, datée du Ve-VIIe s. ap. J.-C. (est. 110 000/120 000 euros). La vente se poursuivra avec des pièces de l'art islamique : céramique, bronze, verrerries, miniatures.

Une vente d'archéologie finalement classique mais qui se distingue par l'exceptionnelle qualité des objets proposés, et des estimations non moins exceptionnelles !

Mon coup de coeur revient à une coupe Abbasside, datée IX-Xème ap. J.-C. (D : 21,5cm), en céramique à décor pseudo-lustré brun et jaune sur fond blanc.

Revenons un instant sur la technique de la céramique à décor de lustre métallique, innovation que l'on doit justement à la dynastie Abbasside, fondée par Abû al-`Abbâs As-Saffah et qui régna sur le monde musulman de 750 à 1258. Après leur triomphe sur les Ommeyyades, les califes abbassides déplacèrent leur capitale de Syrie en Irak et fondèrent en 762 Bagdad.

Cette technique est découverte au début du IXème s. ap. J.-C., dans les ateliers de ces califes. Elle permet de rivaliser avec la vaisselle d'or et d'argent, sans toutefois transgresser les lois de l'Islam qui interdisent l'usage profane de cette dernière. La céramique lustrée se rencontre, à cette époque, essentiellement sur des coupes de tailles et de formes variées. Elle est, au IXème s., polychrome, puis devient surtout monochrome car moins chère et beaucoup facile à réaliser.

Pour réaliser une coupe à décor de lustre métallique, deux cuissons sont nécessaires. La première permet de cuire la pâte façonnée selon la forme voulue et la glaçure qui donne ce fond blanchâtre au matériau. L'artisan applique ensuite des oxydes métalliques, de cuivre et d'argent, et procède à une cuisson en atmosphère réductrice, c'est-à-dire sans apport d'oxygène. Une fois sortie du four, l'objet est frotté pour laisser apparaître des reflets éclatants, imitant le métal.

La coupe, présentée à la vente par l'étude Boisgirard, dite "au personnage trônant" en est un exemple typique, nécessairement postérieure au IXème s., période où l'on préfère un décor géométrique et végétal, en petites unités, comparables à la mosaïque. Il faut attendre le Xème s. pour que la mode passe aux représentations humaines, comme en témoigne(n° d'inventaire : MAO23).

Pour ce petit trésor de l'art Abbasside, il faudra tout de même compter entre 34 000 et 38 000 euros selon l'expertise de Mme Annie Kevorkian.

A vos enchères !

Informations pratiques :
Etude Boisgirard,
Vente du 27 novembre 2009
Salle 4, Hôtel Drouot à 14h30

Expositions publiques :
Jeudi 26 novembre de 11h à 18h
Vendredi 27 novembre de 11h à 12h
Catalogue en ligne :

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